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du 20 au 31 décembre 2009 (semaine 51)
 

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2009-12-31 -
L'ESPRIT ET LA TRADITION LITURGIQUE DE L'ÉGLISE


"Il est urgent de redécouvrir l'authentique esprit de la liturgie, tel qu'il apparaît dans la tradition continue de l'Eglise". Cette affirmation de Mgr Guido Marini, Maître des cérémonies de Benoît XVI, est particulièrement d'actualité au seuil de 2010.

Proche et distante en effe est cette question fondamentale au seuil de cette nouvelle année,car nous ne pouvons oublier qu'en juin, un synode regroupera, autour du siège de Pierre, les Églises orientales dont la liturgie date des premiers siècles de l'Église, liturgie qui ont exprimé le Mystère dans des cultures diverses : byzantines, antiochiennes, syriaques ... et dont la continuité se réalise aujourd'hui dans les liturgies malankares et syro-malabares, coptes et chaldéennes, syriaques et arméniennes.

Or la liturgie est l'un des lieux de divergences dans une grande partie de l'opinion dans l'Église en Occident. Les uns pensent que des ornements au style "renaissance", accompagnés d'une longue "cappa magna" lui feront retrouver le dynamisme de la Contre-Réforme. Et ils s'acharnent dans des blogs et des sites parfois virulents à l'affirmer.

D'autres estiment qu'un rituel plus proche de la pauvreté et du dépouillement du repas du Jeudi-Saint, est plus apte au mémorial du sacrifice du Christ au Calvaire lors du sacrifice eucharistique.

" J'ai employé ici le mot "continue" pour qualifier la tradition, fait remarquer Mgr Marini dans une récente conférence qu'il a donné à Gênes. " C'est un terme cher au cœur de l'actuel Souverain Pontife : il en a fait le seul critère permettant de comprendre la vie de l'Eglise, tout particulièrement en lien avec les enseignements conciliaires et avec les propositions de réforme, à quelque niveau qu'elles soient."

" Comment pourrait-il en être autrement ? ajoute Mgr Marini. Comment pourrait-on imaginer une Eglise d'autrefois qui serait suivie d'une Eglise d'aujourd'hui venue effacer toute l'histoire du corps ecclésial ? Comment pourrait-on imaginer que l'Epouse du Christ était autrefois dans une époque durant laquelle l'assistance de l'Esprit-Saint lui aurait fait défaut, et que cette époque serait aujourd'hui soudain close et dépassée?"

" On peut certainement relever des distinctions, dit-il encore, mais à la seule condition de ne pas en arriver à élever des murs infranchissables entre une Eglise d'avant le Concile qui n'aurait plus rien à nous apprendre et une Eglise d'après le Concile qui serait une nouveauté en rupture avec le passé.

"La question de la "continuité", telle que nous l'abordons ici avec sérénité et non dans un esprit polémique, est absolument essentielle pour qui veut comprendre le véritable "esprit de la liturgie": cette idée de "continuité" nous permet de considérer un "passé" de la liturgie qui est tout à la fois proche et distant."

Proche et distant en effet. Au seuil de cette nouvelle année, nous ne pouvons oublier qu'en juin, un synode regroupera, autour du siège de Pierre, les Églises orientales dont la liturgie date des premiers siècles de l'Église, liturgie qui ont exprimé le Mystère dans des cultures diverses : byzantines, antiochiennes, syriaques.

Mgr Marini ne demande pas l'uniformisation de la liturgie selon les normes du seul Concile de Trente, en fait très récent après 15 siècles d'intense vie liturgique. Ce n'est pas en revenant à ce seul concile, en détruisant tant d'autres traditions et patrimoines liturgiques qu'on retrouvera le sens de la tradition. Il demande qu'on en revienne et qu'on ouvre notre esprit à l'authentique esprit de toute liturgie.

" C'est uniquement en considérant que le présent et le passé de la liturgie constituent un unique patrimoine qui s'est développé d'une façon homogène qu'il est possible de retrouver le goût pour l'authentique esprit de la liturgie, dit-il.. Il nous faut donc accepter de voir l'Eglise dans son unité et non comme le résultat de nos constructions parcellaires: ce n'est que cette vision globale de l'Eglise qui qui peut nous ramener à l'essentiel de ce qu'est la liturgie à travers laquelle le Christ fait irruption dans nos vies.

" C'est aussi en nous appuyant sur ce critère de "continuité" permettant de comprendre ce qu'est l'authentique "esprit de la liturgie" que nous devons devenir capables de dire si telle musique ou tel chant peut ou ne peut pas être intégré au patrimoine de la musique liturgique ou sacrée." En d'autres termes, nous devons être à même de distinguer quelles sont les compositions qui peuvent être insérées dans la liturgie en raison de leur cohérence avec l'authentique esprit de la célébration.

Pour la tradition byzantine, l'adjonction de tout instrument est contraire à la Divine Liturgie. Seule la voix humaine peut y traduire cette rencontre humano-divine et l'adjonction de tout instrument est une expression "matérialiste" qui s'interpose.

Dans la tradition grégorienne, il en était de même. Rien ne devait accompagner le chant grégorien, et il faudra quinze siècles pour voir des "instruments", des choeurs et des orchestres supplanter sa pureté harmonieuse, expressive d'une réalité mystique.

" Parlons d'abord de cet "esprit de la liturgie" à partir duquel il est possible d'identifier la vraie musique et le vrai chant liturgiques, demande Mgr Marini. "En abordant ce thème, nous n'aurons pas la prétention d'être exhaustif, pas plus que nous aurons la prétention de répondre à toutes les questions qui, pour être traitées, devraient être abordées sous des angles très variés. "

" La véritable action qui se déroule dans la liturgie est l'action de Dieu lui-même; c'est à cette œuvre réalisée par le Christ que nous sommes appelés à participer pour notre salut. Voilà quelle est la spécificité du culte chrétien en regard de tout autre acte d'adoration: ici, c'est Dieu lui-même agit et fait ce qui est essentiel, tandis que l'homme est appelé à être ouvert à l'action divine pour de se laisser transformer par elle."

" En conséquence, l'essentiel de la "participation active" est de veiller à ce que tout ce que nous faisons, ne devienne pas plus important que ce que fait Dieu et ce, afin de nous permettre de devenir un avec le Christ. Voilà pourquoi la participation est impossible sans l'adoration."

Et c'est ainsi que le comprend sans aucun doute le Pape :" Je pense tout particulièrement ici à certaines actions extérieures que l'on voit faire surtout au moment de la liturgie de la Parole: le fait d'affirmer que ces actions ne sont pas essentielles ne permet pas de conclure qu'elles sont sans importance."

Ces paroles sont en effet l'écho de ce que Benoît XVI exprimait quand, le 22 décembre, il donnait en exemple aux cardinaux les liturgies qu'il vécut en Afrique.

" Nous étions ainsi élevés au-dessus du simple quotidien. Le ciel était ouvert, c’est ce qui fait d’un jour une fête. Et c’est en même temps quelque chose de durable. Il reste vrai, même dans la vie quotidienne, que le ciel n’est plus fermé ; que Dieu est proche ; que, dans le Christ nous nous appartenons tous les uns aux autres.

" Le souvenir des célébrations liturgiques s’est gravé dans ma mémoire de façon particulièrement profonde. Les célébrations de la Sainte Eucharistie étaient de vraies fêtes de la foi.

" Je voudrais mentionner deux éléments qui me semblent particulièrement importants. Il y avait tout d’abord une grande joie partagée, qui s’exprimait aussi par le corps, mais de façon disciplinée et orientée par la présence du Dieu vivant. Cela indique déjà le second élément : le sens de la sacralité, du mystère présent du Dieu vivant imprégnait, pour ainsi dire, chaque geste. Le Seigneur est présent, le Créateur, Celui à qui tout appartient, de qui nous provenons et vers qui nous allons. "

Au lendemain de son voyage en Afrique, à la veille du Synode pour les Églises orientales, le Pape nous redit ainsi que le mystère ne se révèle pas par la richesse des ornements, la polyphonie orchestrale, mais par "le sens de la sacralité.... qui est l'authentique esprit de la liturgie." (source : Osservatore romano)

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